Christophe Quillon sera l’invité du Musée de l’horlogerie et du décolletage. Ce sera l’occasion de découvrir ses valeurs et de rencontrer des passionnés de l’horlogerie.
Cluses. Christophe Quillon présente « l’histoire du territoire » grâce à sa montre
Propos recueillis par Nathalie Sarfati
Quelle est l’histoire de la montre Arilus ?
« J’avais vraiment à cœur de raconter, à travers un objet haut de gamme, l’histoire de notre territoire en mettant en avant les savoir-faire artisanaux ou industriels des deux Savoie et les matières premières qu’on y trouve, notamment l’acier d’Ugine, l’ardoise de Morzine, le granit du Mont-Blanc, la laine de mouton d’une filature de Savoie. »
Je tenais à avoir mon propre design pour retranscrire l’idée de nos montagnes et l’univers du ski
Pourquoi faire une montre ?
« En ayant travaillé dans différents secteurs de l’industrie du luxe, je pense que c’est dans une montre qu’on peut faire passer le plus d’émotions, raconter une histoire plus complexe qui utilise plus de matériaux, que ce soit pour la carrure, le cadran, le bracelet. C’est aussi un peu le seul bijou des hommes. Malgré l’arrivée des montres connectées et numériques, la montre mécanique est restée pour les hommes un objet de mode qui a le vent en poupe. »
C’est donc une montre exclusivement locale ?
« Oui, de la matière première jusqu’à la fabrication. Le mouvement est suisse et tout le savoir-faire du territoire s’est exprimé sur la partie habillage de la montre. »
Pourquoi avoir choisi ce nom, Arilus ?
« C’est un clin d’œil à mon histoire car j’habite Ugine. Je suis Lyonnais de naissance et Savoyard d’adoption depuis 30 ans. Arilus est un nom gaulois qui pourrait être à l’origine du nom Arly, la rivière qui coule entre Megève et Ugine. J’ai fait mon prototype avec des matériaux issus du Val d’Arly. »
Comment avez-vous pensé le design de vos montres ?
« Je ne voulais pas d’un design classique, rond. Je tenais à avoir mon propre design distinctif qui retranscrive l’idée de notre territoire, de nos montagnes et l’univers du ski. C’est ce que représentent ces différentes courbes et ces deux pièces métalliques de part et d’autre de la montre. »
Quels sont les différents savoir-faire qui interviennent dans la réalisation de la montre ?
« Il y a 20 partenaires qui contribuent à un point précis de la fabrication. Sur la vallée de l’Arve, toute la partie usinage a été confiée à l’entreprise Lathuile Hudry de Marnaz qui utilise des barres d’acier qui viennent de l’entreprise Ugitech d’Ugine. Les composants usinés sont transmis à la société Mont-Blanc usinage de Cluses qui va faire le travail de polissage, de satinage de la carrure. Pour l’obtention du cadran de la montre, la matière est découpée au jet d’eau par la société L’O Découpe de Bonneville. Les élèves en section horlogère du Centre de réadaptation professionnelle l’Englennaz de Cluses ont contribué à l’assemblage d’une partie des montres. Les élèves de l’école de production en bijouterie-joaillerie Saint-Éloi de Faverges ont aussi travaillé sur le nouveau modèle pour des finitions réalisées à la main. Enfin, l’artiste Alexandra Carle de Thyez a travaillé sur une édition limitée avec des pièces uniques entièrement décorées, sculptées, gravées et peintes à la main. Et il y a encore d’autres entreprises. »
Vous travaillez seul ?
« Oui, et donc c’est difficile d’être un expert sur tous les métiers que l’on doit aborder en tant qu’entrepreneur, mais c’est très enrichissant. En plus, comme j’ai une double activité professionnelle, ça avance doucement, au gré des rencontres et des opportunités. »
Quelle est votre satisfaction ?
« Cette aventure m’a permis de faire de très belles rencontres. Une grande satisfaction est d’être parvenu à vendre une trentaine d’exemplaires. J’ai aussi remporté le premier prix RSE (responsabilité sociale des entreprises) suite à un appel à projets du comité Francéclat, comité professionnel de développement économique au service des secteurs de l’horlogerie, de la bijouterie, de la joaillerie, de l’orfèvrerie et des arts de la table grâce à mes valeurs économiques locales et à l’aspect social en lien avec l’AISP (Association pour l’insertion socioprofessionnelle). C’est un élément marquant qui me motive à poursuivre. »